CASSIUS LIVE !
1999-2006, une éternité. Pour Cassius, trois albums, et aujourd'hui, le grand saut du live : une nouvelle étape capitale dans la trajectoire de ce duo qui n'en est déjà plus un. Dans ce mot live que nul n'a jamais réussi à traduire en français, résonne en anglais un autre mot : "vivant". La vie, c'est peut-être ce qui a toujours manqué au passage sur scène des artistes de la scène électronique en général, de la french touch – Daft Punk exceptés – en particulier. Et c'est peut-être bien là que se fait toute la différence entre Cassius et les autres : Cassius n'est plus un duo électronique mais bel et bien un groupe. Il va falloir s'y faire.
Lorsque Zdar et Boombass se retrouvent pour la conception de l'album 15 Again, l'heure est au retour à la simplicité : simplicité dans l'écriture, simplicité dans la production faite maison, simplicité dans les collaborations – pas besoin de pointures internationales, seuls les amis seront tolérés en studio. Comme s'ils avaient 15 ans, les Cassius redécouvrent la spontanéité de la composition ainsi que les frissons que font parcourir dans l'échine les instruments joués live en studio. De cette excitation retrouvée naîtra l'envie de faire monter leur niveau d'adrénaline toujours plus haut en partageant cette aventure avec leur public. Le groupe Cassius est né. Il va falloir s'y faire.
Pour ces deux fans de rock, de funk et de soul, l'attraction de la scène se faisait encore plus évidente que pour toute la génération d'électroniciens. Quand on s'est nourri de Prince, des Violent Femmes, de Marvin Gaye, des Libertines ou de Bo Diddley, impossible de se contenter d'un pseudo-live derrière un laptop. Encore plus pour Zdar, habitué à renverser les dancefloors derrière ses platines, et pour qui capter le degré d'ébullition du public est devenu un besoin viscéral. Le casting des musiciens se fait parmi les collaborateurs et amis. Une guitare, un batteur, une basse, un synthé, la fidèle Gladys au micro, et roulez jeunesse. Comme à 15 ans. Cassius a un groupe. Il va falloir s'y faire.
Sur 15 Again, Zdar s'est un peu plus risqué au micro. Et depuis, ne l'a plus rendu. Le voilà qui se prend au jeu sur scène et interprète toutes les parties chantées. Pas de bandes, pas d'ordinateur, pas de parties pré-enregistrées, pas de filet, juste des cordes : des cordes vocales, et puis celles d'une guitare et d'une basse. Cassius reprend ses propres morceaux avec une instrumentation organique et les deux se surprennent eux-mêmes de la nouvelle vie qui leur est offerte. Ça groove, ça funke, ça pop, ça vit. Ça vit même plusieurs fois puisque Cassius découvre aussi le plaisir de jouer ses morceaux en version acoustique. Les compositions sont désossées, mises à nu, retrouvées. Un bon test festif et jouissif qui prouve que leurs morceaux sont bien des chansons. Et que Cassius est un vrai groupe. On commence à s'y faire.
Se faire plaisir tout en donnant du plaisir. C'est peut-être ça l'essence du live, c'est peut-être aussi ce qui fait carburer le moteur de Cassius. Un gouffre séparait la house de 1999 des ambitions pop amorcées par Au Rêve. Les Cassius ont aujourd'hui réussi à maîtriser la machine qui s'était emballée pour reprendre possession de leurs chansons et les habiter, les déménager, les repeindre, les offrir telles qu'elles auraient toujours dû être : à poil et dégoulinantes de sueur, comme après quinze rounds passés sur un ring. A 15 ans, ce n'est pas encore l'âge mûr, et pourtant ça y ressemble. Cassius est un groupe. Cassius est même un nouveau groupe flambant neuf avec l'énergie des débuts, mais ce n'est peut-être même pas le plus important. C'est d'un nouveau départ pour Cassius comme pour ses chansons dont il s'agit.