FRANCE GALL

BIOGRAPHIE

France Gall, de son vrai nom Isabelle Gall, est une chanteuse française des années 60.
Elle enregistre sa première chanson, Ne soit pas si bête, à 16 ans, en 1963. Son deuxième titre, n'écoute pas les idoles, signé par Gainsbourg, est un succès immédiat.Elle enregistre ensuite Jazz à gogo et Sacré Charlemagne. En 1965, elle remporte le concours Eurovision de la chanson grâce au titre Poupée de cire Poupée de son.
Après une période de déclin, sa rencontre avec Michel Berger va relancer sa carrière. Ils signent ensemble le succès de l'été 76: Ca balance pas mal à Paris. En 1979, elle participe au spectacle Starmania. La mort de Berger en 1992 mettra un terme à sa carrière.

Biographie [modifier]

Son père est Robert Gall (1918-1990), ancien élève du conservatoire, chanteur et auteur, entre autres, de La Mamma pour Charles Aznavour. Sa mère, Cécile Berthier, est la fille de Paul Berthier (1884-1953), cofondateur de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Elle est la nièce de Jacques Berthier (1923-1994), compositeur et organiste, cousine du guitariste Denys Lable et de Vincent Berthier de Lioncourt (fils de Jacques), fondateur, en 1987, du Centre de musique baroque de Versailles (CMBV).2 Elle voit défiler chez ses parents de nombreux artistes comme Hugues Aufray, Marie Laforêt ou Claude Nougaro. Enfant, elle accompagne parfois son père dans les coulisses de l'Olympia. Quelquefois, il lui fit même manquer l'école pour l'emmener voir Piaf, Bécaud ou Aznavour en concert à Bruxelles. Elle commence à faire du piano à 5 ans puis gratte de la guitare vers onze ans. Vers treize-quatorze ans, elle fait de la musique avec ses deux frères, les jumeaux Patrice et Philippe : ils avaient fondé un petit orchestre et jouaient l'été sur les plages et l'hiver à Paris. La petite Isabelle est surnommée « Babou » par sa famille, surnom qu’elle porte encore aujourd’hui. Son père, devant son caractère déjà affirmé, lui octroie le titre de « petit caporal. » Ses violons d’Ingres sont la peinture et les jeux de société.
Les débuts [modifier]
Pendant les vacances de Pâques 1963, son père l'incite à enregistrer quelques chansons et remet les bandes à un éditeur musical, Denis Bourgeois. Le 11 juillet suivant, l'éditeur lui fait passer une audition au Théâtre des Champs-Élysées puis tout s'enchaîne très vite. Comme France est mineure, c'est son père qui signe le contrat chez Philips où Denis Bourgeois est déjà directeur artistique de Serge Gainsbourg. Bourgeois devient donc celui de France et elle enregistre quatre titres avec l'arrangeur Alain Goraguer, jazzman et compositeur qui a notamment travaillé avec Boris Vian. Première contrainte de sa direction artistique : pour ne pas interférer avec Isabelle Aubret, alors grande vedette, elle doit abandonner à regret son prénom d’Isabelle. Elle devient « France » à la scène : « J’ai toujours été contre « France », je trouvais que c’était trop dur. « Isabelle », ça me correspondait, ça me plaisait. Je ne sais pas ce qui s’est passé pour que je me mette à aimer mon nom. Et maintenant c’est « France Gall ». C’est exactement moi. »3
Équipe majeure pour une mineure [modifier]
Le jour de ses 16 ans, le 9 octobre 1963, le cadeau le plus inattendu que France reçoit est sûrement la première diffusion de ses chansons à la radio. C'est le titre phare, Ne sois pas si bête, qui obtient un succès fulgurant. France se place à la 44e place du hit-parade de Salut les copains du mois de novembre (derrière Tu n'y crois pas de Michel Berger et devant La Mamma de Charles Aznavour). Denis Bourgeois a alors une idée géniale. La carrière de son poulain Serge Gainsbourg piétine malgré plusieurs albums à son actif, ainsi que des compositions estimées pour des chanteurs rive gauche comme Michèle Arnaud ou Juliette Gréco. Il propose à Gainsbourg d'écrire pour France. Le compositeur signe N'écoute pas les idoles sur le 2e 45 tours de France, titre qui se place en tête du hit-parade du mois de mars 1964. À son propos, France Gall dira : « C’est quelqu’un que j’avais du plaisir à voir parce que je l’admirais et j’aimais ce qu’il écrivait. Et j’aimais bien sa timidité, son élégance et son éducation. C’était très agréable comme relation. […] J’étais très impressionnée que cet homme travaille pour moi et s’intéresse à moi… »4 Avec le succès, elle quitte le lycée Paul-Valéry où elle redoublait sa troisième. Paris Match du 21 mars 1964 lui consacre un article pour la première fois. Parallèlement, elle fait ses premiers pas sur scène le 14 avril en passant en première partie de Sacha Distel à l'Ancienne Belgique de Bruxelles. Elle hérite de l'impresario de ce dernier, Maurice Tézé, qui est également parolier. Sous la houlette de cette équipe composée de vieux loups du métier, France aura énormément de difficultés à défendre le choix de son répertoire (la seule chanson qu’elle a coécrite, avec son père, est Pense à moi sur une musique jazzy de Jacques Datin, un des 4 titres de son premier 45 tours).
Néanmoins, cette équipe va lui permettre de créer un répertoire original, alors que la plupart de ses collègues yéyés recourent systématiquement aux adaptations de succès anglo-saxons. Formée à cette école, elle confiera plus tard : « Une interprète, déjà qu'elle n'écrit pas les paroles et la musique, si en plus elle pique les chansons des autres, si elle ne crée pas la chanson, cela n'a pas un grand intérêt. »5
Outre son père et son frère Patrice, elle devra ses succès des années 1960 à la plume des plus grands auteurs et compositeurs français, dont beaucoup d’œuvres s’inscrivent au patrimoine de la chanson populaire : Gérard Bourgeois, Jean-Pierre Bourtayre, Vline Buggy, Pierre Cour, Joe Dassin, Jacques Datin, Pierre Delanoë, Jean Dréjac, Alain Goraguer, Hubert Giraud, Georges Liferman, Guy Magenta, Eddy Marnay, André Popp, Jean-Michel Rivat, Jean-Max Rivière, Gilles Thibaut, Frank Thomas, Maurice Vidalin et Jean Wiener. S’ils donnent à la première femme-enfant de la chanson francophone des textes souvent stéréotypés d’une adolescente vue par des adultes, c’est Serge Gainsbourg qui va apporter la note insolite en la promouvant « Lolita française ». De plus, les orchestrations hautement élaborées du jazzman Alain Goraguer vont harmoniser et unifier le style de celle qui va ainsi indifféremment naviguer entre jazz, chansons enfantines et équivoques. À la scène, elle sera successivement accompagnée par les groupes « Patrick Samson et les Phéniciens » et par « Les Français. »
Cette période voit sortir Jazz à gogo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), ainsi que Mes premières vraies vacances, œuvre du tandem Datin-Vidalin. L'association Gainsbourg-Gall se démarque durant l'été 1964 avec le tube Laisse tomber les filles renforcé par Christiansen des duettistes Datin-Vidalin. Entre temps, Gainsbourg a capté son rire pour le coller sur Pauvre Lola, l'une des chansons de son album Gainsbourg Percussions qui paraît la même année. Fin 1964, France se plie aux demandes de ses managers en enregistrant un 45 tours destiné aux enfants. Son père lui écrit, sur une musique du compositeur Georges Liferman, le titre qu'elle enregistre à regret, Sacré Charlemagne : « Sacré Charlemagne, j'en étais malade, je me souviens, je n'aimais pas du tout ça. Je ne l'aimais pas et pourtant je l'ai laissé sortir. C'est vous dire à quel point je ne maîtrisais pas la situation. »6
1965, l'année de tous les succès [modifier]
Sacré Charlemagne se vend à plus de 2 millions d'exemplaires en franchissant les limites de la France pour faire chanter tous les écoliers du Japon aux États-Unis en passant par l’Afrique (cette chanson deviendra même l'hymne du mouvement de la jeunesse algérienne !).7
France est ensuite sélectionnée pour représenter le Luxembourg au Concours Eurovision de la chanson. C'est elle qui aura gain de cause en choisissant Poupée de cire, poupée de son sur les 10 titres qu'on lui propose. Le 20 mars, l'équipe des « 3 G », Gainsbourg-Gall-Goraguer, est à Naples où se tient le Concours de l'Eurovision. La chanson, huée lors des répétitions, sera alors défendue par France d'une voix mal assurée devant plus de 150 millions de téléspectateurs et comme elle le dit elle-même, « envers et contre tous ».
La singularité de la chanson étonne et elle est élue Grand Prix. Le succès dépasse les frontières européennes et Gall l'enregistre dans pas moins de cinq langues, dont le japonais. Un rien chauvin, le public français s'émeut et reproche à Gall et à Gainsbourg d'avoir gagné pour le Luxembourg et non pour leur propre pays. Face à la popularité de cette chanson de France, une société de gadgets fabrique, à la cadence de 15 000 exemplaires par jour, une poupée de vinyle à son effigie sous la forme d'un porte-clés.
France part pour une tournée d'été de plusieurs mois avec un chapiteau sur les routes françaises avec le Cirque de France. Son frère Philippe a remplacé le bassiste de l'orchestre. Elle continue d'engranger des succès écrits par Gainsbourg : il y a Attends ou va-t'en puis, à la fin de l'année, Nous ne sommes pas des anges ainsi que L'Amérique du parolier Eddy Marnay et du compositeur Guy Magenta.
Un destin sans cinéma [modifier]
Une émission pour la télévision, réalisée par Jean-Christophe Averty et consacrée aux chansons de France, est distribuée aux États-Unis en 1965.
France est alors pressentie par Walt Disney pour incarner Alice au pays des merveilles dans une version musicale qu’il souhaite réaliser après avoir déjà fait Alice en dessin animé en 1951 et dont il n'est pas satisfait musicalement. C’est le seul projet cinématographique auquel France répond favorablement, alors qu’elle a toujours demandé à son entourage de « l’empêcher de faire du cinéma » (sic). Malheureusement, Disney, déjà gravement malade, meurt le 15 décembre 1966 et son idée disparaît avec lui.
Pourtant, en mars 1974, on trouve France Gall au générique du téléfilm Notre correspondant à Madras réalisé par Jean-Pierre Spiero et diffusé sur la nouvelle troisième chaîne. France incarne la secrétaire lascive de Sacha Pitoëff dans cette courte fiction (25 minutes) d’une série expérimentale et ambitieuse voulue par la chaîne. Ce téléfilm et cette série ne laisseront pas un souvenir impérissable dans l’histoire de la télévision française.
En 1988, France refuse même un projet cinématographique de Michel Berger. C’est ce qu’elle confie à Christophe Nicolas sur Radio Nostalgie8 :
— Christophe Nicolas : Après l’énorme succès de l’album Babacar en 88. […] Il voulait faire réaliser un film…9
— France Gall : C’était un film musical. […] J’ai refusé de faire ce film à la grande tristesse de Michel parce que je déteste jouer la comédie. J’aurais dû jouer la comédie, même si je devais chanter c’est quand même jouer la comédie. J’avais déjà du mal à tourner des clips de 3 minutes, donc je me suis dit si je pars dans un film ça va être horrible, je vais être malheureuse. Voilà pourquoi ça ne s’est pas fait.
Le Destin semble avoir entendu la supplique de France car, lorsqu'un film sera à nouveau envisagé en 1993 pour une collaboration cinématographique avec son amie la scénariste Telsche Boorman, ce projet disparaîtra avec le décès de Telsche en 1996.
Enfin, en 1996, elle contacte Jean-Luc Godard, dont elle a notamment aimé le film Nouvelle vague (1990), pour qu’il réalise le clip de sa chanson Plus haut suite à la sortie de son album France. Godard, qui, jusque-là, n'avait jamais été sollicité pour tourner un clip, accepte. Ils mettent en boîte, dans les bureaux du cinéaste à Rolle (Suisse), un minifilm, car Godard, après avoir visionné plein de clips, lui a dit : « On ne va pas faire ça quand même, vous êtes d'accord. »10 Cela aboutira au pictural et onirique Plus oh ! qui, après son unique diffusion le 20 avril 1996 sur M6, sera interdit d’antenne, Godard ne s’étant pas acquitté de tous les droits d'auteurs (voir section « L'interprète et ses auteurs »).
1966, année pop, lollipops et flop [modifier]
L'année 1966 débute avec un nouveau tube de Gainsbourg Baby Pop, un texte que France qualifie de « brutal », mais dont on n'écoutera pas la noirceur des paroles chantées par cette gamine de 18 ans
En revanche, l'œuvre suivante de Gainsbourg, Les Sucettes, commentée par les propos appuyés de son auteur, va déclencher un vent de scandale grandissant au fil des mois. Ce succès s'accorde mal avec les autres chansons naïves du même disque, telles que Je me marie en blanc et Ça me fait rire. D’autant plus que, parallèlement, dans le spectacle télévisé Viva Morandi, qui s’inscrit dans la mouvance psychanalytique du dernier film de Fellini, Juliette des esprits (1965), France incarne l’une des deux jeunes filles en fleurs, sorties des bouches d'ombres, qui troublent le yéyé italien Gianni Morandi à la recherche de l'amour. Elle est « La Grâce » qui chante Les Sucettes (précédée d'un écriteau spécifiant « Fantaisie ») aux côtés de Christine Lebail qui est « La Pureté ». Ces interprétations contradictoires des Sucettes déroutent et provoquent un malaise dont France ne sort pas indemne quand elle comprend, bien trop tard, qu'elle a été manipulée dans un but médiatique. Ce qui lui fera dire : « Je n'aime pas susciter le scandale. J'aime qu'on m'aime. »11
Article détaillé : Les Sucettes.
Désormais, ses prochains disques, même expurgés de la signature gainsbourgienne, sont suspectés de visées bassement mercantiles. Ainsi, elle sera taxée de nécrophilie avec sa chanson dédiée au fils de John Kennedy, Bonsoir John John :
— France Gall : En France, on m'est encore tombé dessus.
— Philippe Constantin : Ah ! Oui ! Accusée de nécrophilie… Braves ménagères françaises, si elles avaient vu, aux USA, les ravissants coquetiers à l'effigie de Kennedy, avec la trace des balles dessinées en rouge sur le support…12
Elle ne fera plus de succès avant longtemps et son association avec Gainsbourg, entachée, ne fonctionnera plus. Même certaines de ses chansons pour enfants enregistrées en 1966 ne lui épargneront pas des jugements peu amènes, car soupçonnées d'être pernicieuses (Les Leçons particulières). Les mises en scène corrosives de Jean-Christophe Averty lui faisant commander un troupeau d'hommes à quatre pattes pour illustrer sa chanson enfantine J'ai retrouvé mon chien dans son émission télévisée Les Raisins verts n'arrangent pas les choses.
Bébé requin, LSD et déclin [modifier]
Au début de l'année 1967, son duo avec Maurice Biraud, La Petite, évoquant une gamine convoitée par un ami du père, traînera ce disque vers le bas tout en éclipsant la poétique Néfertiti de Gainsbourg.
Son 45 tours suivant sera enregistré avec l'orchestrateur David Whitaker, talentueux compositeur anglais. De nouveaux auteurs, Frank Thomas et Jean-Michel Rivat, associés au compositeur-chanteur Joe Dassin, ont écrit pour France Bébé requin, succès qui occulte tous les autres titres. Teenie Weenie Boppie, chanson avec laquelle Gainsbourg signe une charge contre le LSD, fait un grand flop qui marque la fin de leur collaboration au moment où Gainsbourg diversifie ses productions pour France, notamment avec leur prochain duo consacré à la peine de mort, Qui se souvient de Caryl Chessman ?, qui ne sera pas commercialisé.13
Elle enregistre, toujours avec Whitaker, un autre 45 tours avec une nouvelle œuvre du trio gagnant Thomas, Rivat et Dassin, Toi que je veux, mais cela ne fonctionne plus. Les arrangements superbes, comme ceux de la Chanson indienne, composée par Whitaker, ne sauvent pas le disque.
Révolution, émancipation et égarements [modifier]
Dès 1966, France entame une carrière en Allemagne où elle enregistre régulièrement jusqu'en 1972 avec une équipe spécifique, notamment avec le compositeur et orchestrateur Werner Müller. Des vedettes comme l'acteur Horst Buchholz (Les Sept Mercenaires) ou le compositeur de musiques de films Giorgio Moroder (Midnight Express, Top Gun) lui écrivent Love, l'amour und liebe (1967), Hippie, hippie (1968), Ich liebe dich, so wie du bist (1969) et Mein Herz kann man nicht kaufen (1970). Quelques uns de ses autres succès en allemand : Haifischbaby (Bébé requin), Die schönste Musik, die es gibt, Was will ein Boy (1967), A Banda (Zwei Apfelsinen im Haar), Der Computer Nr 3 (1968), I Like Mozart (1969), Komm mit mir nach Bahia, Miguel (1972).
En France, en 1968, elle retrouve son orchestrateur Goraguer pour son nouveau disque. Les quatre titres, le jazz Le Temps du tempo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), le pop Dady da da (des paroles de Pierre Delanoë sur la musique composée par Michel Colombier pour l'indicatif du magazine TV Dim, Dam, Dom), le folk La Vieille Fille de Rivat et Dassin et le classique Allo ! Monsieur là-haut du compositeur Gérard Gustin avec des paroles écrites par le comédien Philippe Nicaud, sont balayés par la tourmente de mai 68.
Ses chansons suivantes, malgré la sensuelle et délicate jazzy Y'a du soleil à vendre écrite par Robert Gall sur une musique d'Hubert Giraud ou les jolies compositions de Dassin (24 / 36, Souffler les bougies), ne suscitent pas d'intérêt. France profite, fin 1968, de sa récente majorité, 21 ans à l'époque, et de l'échéance de son contrat chez Philips la même année pour voler de ses propres ailes en se séparant de Denis Bourgeois.
Elle enregistre début 1969 pour une toute nouvelle maison de disques, La Compagnie, née de l'association d'artistes comme Hugues Aufray, Nicole Croisille et Michel Colombier.
Avec La Compagnie et Norbert Saada comme producteur de musique et directeur artistique, France commence sa traversée du désert avec des enregistrements où le meilleur va souvent côtoyer le pire sans qu'elle ne réussisse jamais à trouver un style cohérent. Elle s'égare dès 1969 avec deux adaptations : l'une originaire d'Italie, L'Orage (La Pioggia) qu'elle défend pourtant avec Gigliola Cinquetti au Festival de Sanremo 1969 et l'autre créée par la Britannique Barbara Ruskin, Les Années folles (Gentlemen Please). Le meilleur est ignoré, tels Les Gens bien élevés de Franck Gérald et Hubert Giraud et La Manille et la révolution de Boris Bergman et Hubert Giraud et, en 1970, Zozoï, paroles de Robert Gall sur une musique du brésilien Nelson Angelo et Les Éléphants, paroles de Jean Schmitt et musique de Jean Géral. De plus, sa maison de disques La Compagnie fait faillite.
En 1971, elle sera la première artiste à enregistrer en France pour le label américain Atlantic. Mais même avec des prestigieux auteurs comme Jacques Lanzmann et son C'est cela l'amour (sur une musique blues de Paul-Jean Borowsky) ou Étienne Roda-Gil et son Chasse neige, rien ne fonctionne. France retourne voir Gainsbourg en pensant que lui seul peut quelque chose. Il lui écrit, en 1972, Frankenstein et, sur une musique de Jean-Claude Vannier, Les Petits ballons qu'elle enregistre pour le label EMI-Pathé, mais cela ne marche pas non plus. Elle travaille alors avec Jean-Michel Rivat comme directeur artistique et, malgré la maturité des textes de celui-ci, c'est toujours le flop avec 5 minutes d'amour (1972) et Par plaisir ou Plus haut que moi (1973).
En 1971, elle participe avec son frère Patrice à un roman-photo que le magazine Télé Poche publie en 8 épisodes. C’est au début des années 1970 que France prend l’habitude d’aller régulièrement se ressourcer dans un pays dont elle est tombée amoureuse, le Sénégal. Elle construira sa « résidence-refuge » sur l’île de N’Gor près de Dakar en 1990.
La rencontre de Berger [modifier]
C'est en entendant à la radio, un jour de 1973, la chanson Attends-moi interprétée par Michel Berger que France Gall est subjuguée par sa musique. À l'occasion d'une émission de radio, elle lui demande s'il pourrait lui donner son avis à propos des chansons que son producteur voudrait lui faire enregistrer. Bien qu'il soit déconcerté par la pauvreté des chansons proposées à Gall, il n'est pas question de travail entre eux. Ce n'est que six mois plus tard, en 1974, après qu'elle a fait une voix sur le titre Mon fils rira du rock'n'roll du nouvel album de Berger et, après que l'éditeur de Gall le lui eut proposé, qu'il acceptera d'écrire pour elle. La chanteuse a déjà statué dans sa tête que « Ce sera lui ou ce sera personne. »14 C'est ainsi que naquit en 1974 La Déclaration d'amour, premier succès d'une longue liste et que la carrière de la chanteuse prit un nouvel essor : « Premier disque, première chanson. J'attendais tellement de cette première fois que quand il m'a joué la chanson au piano, j'ai été… comment dire… un peu déçue. Je rêvais d'une chanson rythmique, et me voilà avec une sensuelle déclaration. Le jour du studio, j'étais un peu tendue. Après une ou deux prises, Michel était content. Dans la foulée, il me demande d'écrire un texte parlé sur l’ad lib15 de la fin comme si j'avais fait ça toute ma vie, écrire ! Il s'est rendu compte qu'il manquait un solo de guitare à 2 heures du matin. Effondré, il ouvre la porte du studio et croise un guitariste qui travaillait à côté et qui rentrait chez lui. En un quart d'heure, la guitare de Jean-Pierre Castelain s'imprimait sur la bande 16 pistes où le piano de Michel, omniprésent, donne à lui seul le balancement bien particulier de cette chanson, qu'il avait au départ écrite pour lui. Premier cadeau. Le public a été là tout de suite. »16 Elle ajoutera à propos de cette rencontre décisive : « Ça a transformé mon existence, ma vie. Ça m’a apaisée. »17
Création familiale et musicale [modifier]
Comme un cadeau prénuptial, Michel Berger consacre son Numéro 1, diffusé le 22 mai 1976 sur TF1, à l'écriture d'une comédie musicale, Émilie ou La Petite Sirène 76, inspirée du célèbre conte d'Hans Christian Andersen et dont l'héroïne est, bien sûr, France Gall. Il en restera un joli duo du couple, succès de l'été : Ça balance pas mal à Paris. Les deux artistes se marient exactement un mois après, à la mairie du 16e arrondissement de Paris, le 22 juin 1976. Par cette alliance, France Gall devient la belle-fille du professeur Jean Hamburger, membre de l'Académie française, et de la pianiste Annette Haas. De cette union naîtront deux enfants : Pauline Isabelle (Neuilly-sur-Seine, 14 novembre 1978 - Paris, 15 décembre 1997) et Raphaël Michel (Boulogne-Billancourt, 2 avril 1981). Gall partage avec Berger ses années de travail et une vie familiale qu'elle privilégie. Sous l'impulsion de Berger, elle reprend goût à la scène. En 1978, elle monte de nouveau sur les planches, celles du Théâtre des Champs-Élysées (où elle auditionna 15 ans plus tôt), pour un spectacle intitulé Made in France. L'une des originalités de ce spectacle est que, hormis les duettistes travestis brésiliens Les Étoiles qui assurent un intermède (contesté) en milieu de spectacle et avec lesquels France enchaîne avec une adaptation brésilienne anté Berger, Plus haut que moi (Maria vai com as outras), il est exclusivement composé de filles à l'orchestre, aux chœurs18 et à la danse.
France, princesse en ses palais [modifier]
En 1979, c'est un spectacle inédit auquel France participera et qui restera dans toutes les mémoires. L'opéra rock Starmania sera présenté pendant un mois au Palais des Congrès de Paris. Composé par Michel Berger et écrit par l'auteur québécois Luc Plamondon, ce sera la réussite que l'on sait, alors que ce genre musical ne rencontrait pas les faveurs des producteurs en France
En 1982, durant plusieurs semaines à guichet fermé, France Gall investira le Palais des Sports de Paris pour présenter un spectacle novateur sans paillettes et sans strass, mais haut en couleurs et en musiques électriques. Ce sera Tout pour la musique dont le public reprendra en chœur ces titres devenus depuis des standards de la chanson française : Résiste et Il jouait du piano debout.19
Musique et humanisme [modifier]
Les années 1980 sont celles des grandes actions humanitaires dont l'impulsion est donnée par les anglo-saxons et leur Band Aid. France Gall se joindra aux Chanteurs sans frontières, à l'initiative de Valérie Lagrange et sous l'égide de Renaud, pour offrir, en 1985, un SOS Éthiopie au profit du pays en question. Cela ne l'empêche pas, parallèlement, de prendre le relais du même Renaud, au nouveau Zénith de Paris, pour une série de concerts durant trois semaines. Elle interprètera, de plus en plus accompagnée par son public, de nouvelles chansons comme Débranche, Hong-Kong Star et livrera des merveilles acoustiques telles que Plus haut, Diego libre dans sa tête et Cézanne peint.
Les années 1985 et 1986 verront France Gall avec Michel Berger, Richard Berry, Daniel Balavoine et Lionel Rotcage, œuvrer notamment pour le Mali grâce à leur association Action Écoles. Ce sont des écoliers volontaires qui récolteront des denrées de première nécessité pour ces pays d'Afrique où sévit la famine et la sécheresse. Ainsi, des tonnes de nourritures et des pompes à eau seront expédiées sous l'œil vigilant des artistes.
Article détaillé : Action Écoles.
C'est d'ailleurs lors d'un voyage en Afrique que Daniel Balavoine trouvera la mort dans un accident d'hélicoptère le 14 janvier 1986. France Gall chantera en 1987 l'émouvant Évidemment écrit par Berger, en hommage à leur ami disparu. Ce titre figure sur l'album Babacar. Suivra un nouveau spectacle qui, du Zénith de Paris, partira en tournée dans toute la France. Ce sera l'éblouissant Tour de France 88 mis en scène par Berger. France Gall qui, par le passé, a déjà songé à arrêter sa carrière, est interviewée à cette occasion par Richard Cannavo20 :
— Lorsque vous préparez un spectacle, vous vous dites que c'est peut-être le dernier ?
— Non, mais je me dis que je n'en offrirai plus des quantités, ça c'est sûr... Mais ce n'est pas le dernier, parce que le dernier ce sera Michel et moi. En attendant, vous n'imaginez pas combien je vais en profiter, de celui-là. Vous ne pouvez pas vous imaginer ! De chaque soir, de chaque seconde ; il faut que j'amasse un maximum, des émotions, des souvenirs, pour « après »... Parce que le jour où je m'arrêterai, ce sera quelque chose de très douloureux... Mais c'est une chose à laquelle je me prépare depuis des années déjà. Tant que je me sens proche de mon public, ça va. Mais un jour je m'arrêterai, c'est sûr. Je crois que ce qui sera plus fort que ma passion pour ce métier, c'est la crainte de tout gâcher. Parce que ce qui me fait peur surtout, c'est l'idée de ne pas me rendre compte que je vieillis, et que je ne parle plus le même langage. C'est ça qui me fera décrocher : lorsque je ne parlerai plus « leur » langage. Et je veux que ce soit par ma propre volonté, par delà ma tristesse.
Disparition de Michel Berger [modifier]
France Gall prendra du recul et n'enregistrera plus pendant les années qui suivront. Elle ne consentira à reprendre le chemin des studios qu'à condition d'enregistrer un album avec Berger. Elle s'investira comme jamais dans cette création à deux voix, pas tout à fait un duo : ce Double Jeu surprendra en 1992.
Gall et Berger annoncent une série de concerts dans diverses salles parisiennes comme La Cigale et Bercy. Le projet est interrompu par la disparition brutale de l'auteur-compositeur-interprète, mort d'une crise cardiaque foudroyante, le 2 août 1992. Marquée par cette disparition, par de sérieux problèmes de santé et par le décès de l'aînée de leurs enfants en 1997 de la mucoviscidose, France Gall, si elle a fait depuis de nouvelles apparitions sur la scène musicale (Bercy 1993, Pleyel 1994, Olympia 1996), n'a jamais retrouvé l'élan qui semblait être le sien du vivant de son mari.
L'interprète et ses auteurs [modifier]

Plus haut que moi, plus haut, plus oh ! : Suis ta musique où elle va… [modifier]
En 1996, pour son album France, lorsqu’elle reprend et réorchestre sa chanson Plus haut parue initialement en 1980 (album Paris, France), Gall ne cesse de s’étonner de ce texte écrit par son époux et qui résonne comme une prophétie. Peu importe, c’est sa profession de foi à elle, son inaltérable dévotion à son amoureux disparu qui veillerait sur elle de là-haut et la guiderait :
Plus haut,
Celui que j'aime vit dans un monde
Plus beau,
Bien au-dessus du niveau des mots,
Dans un univers au repos
Et si je lui dis oui,
Il m'emmène avec lui…
Elle ne peut s’empêcher de se référer à une autre chanson, toujours prophétique selon elle, un titre qu’elle enregistra en 1973 juste avant sa rencontre décisive avec Berger et dont le texte est dû à deux grandes pointures de la chanson française : Yves Dessca et Jean-Michel Rivat. Ils sont, pour la circonstance, les adaptateurs de cette bossa nova issue de la plume de deux icônes de la chanson brésilienne, le compositeur Toquinho et le poète Vinicius de Moraes, dont l’original Maria vai com as outras (Maria va avec les autres) devient en français Plus haut que moi :
Toi qui fais des bonds plus haut que moi,
Toi qui sais chanter, chanter plus haut que moi,
Toi que la raison n'arrête pas,
Toi qui sais rêver, emporte-moi,
Saute les murs gris, emporte-moi
Dans ton horizon, ta vie, emporte-moi,
Toi qui vois là-bas plus loin que moi
Et plus haut que moi…
L’obsédante image du prince venu de là-haut et qui l’emmènera encore plus haut est mise en scène pour la première fois par Robert Fortune pour son spectacle Tout pour la musique donné au Palais des Sports de Paris en 1982. Au milieu de la fameuse chanson Plus haut, un clown blanc surgit là-haut, en équilibre précaire sur un fil, puis descend au final pour emporter dans ses bras une France tombée en léthargie afin de la soustraire à la pesanteur et aux vicissitudes de ce bas monde…
Elle associe cette vision aux conseils que le « producteur Berger » donne à l’aspirante « chanteuse Émilie » dans le conte musical télévisé Émilie ou La Petite Sirène 76 :
Chante-leur les mots pour émouvoir,
Fais-leur connaître ton pouvoir,
Et de l’est jusqu’à l’ouest
Et du nord jusqu’au sud
Suis ta musique où elle va…
Au point qu’elle place cette chanson interprétée par Berger en prologue de son dernier concert public à l’Olympia en 1996, attestant ainsi de son inébranlable fidélité à son auteur. Elle livre sa version personnelle de Plus haut accompagnée par « les musiciens dont elle rêvait »21 (sic). Auparavant, elle a souhaité que Godard, l’homme à la caméra « qui rend les femmes belles » (sic), en réalise le clip. Ils se rencontrent, se comprennent et livrent le remarquable Plus oh ! où des « Oh ! » émerveillés surgissent de la bouche en cœur de la chanteuse succombant devant les images récurrentes du héros s’enfuyant avec sa dulcinée dans ses bras vers un paradis blanc, un ailleurs intangible, d’indicibles hauteurs…
Peu encline au culte de la personnalité, France Gall refusera toute création de fan-club et n’encouragera pas l’édition de biographies : « Je n'écrirai jamais d'autobiographie. Mon livre, c'était cet autoportrait [TV] que j'ai voulu le plus sincère possible. Les chanteurs ne trichent pas. Chanter, ce n'est pas simplement aller chercher de l'air et le ressortir en mots et en notes. C'est donner, se livrer, s'exposer. »22 Elle précisera : « Qu’il reste quelque chose de moi m’indiffère. Je ne suis pas comme ces personnalités politiques qui éprouvent le besoin de faire bâtir un monument afin de laisser une trace tangible de leur passage : moi, je ne construis que ma vie… »23
Énigmes [modifier]
Claude Dejacques, producteur chez Philips en 1966, conçoit de sortir, pour le 1er avril de la même année, un album-gag dans lequel les plus grands artistes maison échangent leurs tubes respectifs. Ainsi, France Gall reprend Jolie môme, un grand succès de Juliette Gréco en 1961 tandis qu'Anne Sylvestre reprend L'Amérique, un tube de France Gall en 1965. Comme beaucoup d'idées originales, l'album poisson d'avril 1966 restera dans les placards de Philips, on ignore pour quelles raisons.24
En 2003, Universal sort le CD Volume N° 5 (S.0.S. mesdemoiselles) de son anthologie compilée Pop à Paris. C'est avec surprise qu'on découvre et entend France Gall chanter un titre dit « inédit » écrit par Serge Gainsbourg en 1967, Bloody Jack, avec les mêmes musique et arrangements que ceux de sa chanson gainsbourgienne Teenie Weenie Boppie sortie la même année. Le texte de ce Bloody Jack est identique à celui de la chanson du même titre que Gainsbourg interprétera en 1968 sur une musique totalement différente. Pour épaissir le mystère, Zizi Jeanmaire reprend, toujours en 1968, la version de Gainsbourg avec un texte légèrement modifié.
Une inspiratrice [modifier]

Ruptures [modifier]
Ses ruptures sentimentales avec ses deux fiancés-chanteurs successifs Claude François et Julien Clerc nous valent, de la part des abandonnés, des chansons cicatricielles passées à la postérité :
1967 : Claude François, Comme d'habitude (paroles de Claude François et Gilles Thibaut, musique de Claude François et Jacques Revaux) :
Toi, tu seras sortie,
Pas encore rentrée, comme d'habitude,
Tout seul, j'irai me coucher
Dans ce grand lit froid, comme d'habitude,
Mes larmes, je les cacherai
Comme d'habitude.
— Commentaire de France : « Le monstre que décrit la chanson, ce n'était pas moi ! »25
1975 : Julien Clerc (album noir N°7), Souffrir par toi n’est pas souffrir (paroles d’Étienne Roda-Gil et musique de Julien Clerc). Pour exacerber sa prière pour qu’elle revienne, Julien Clerc demande la contribution musicale de la famille Gall. Il confie l’orchestration de cette chanson à Philippe Gall, l’un des frères de France, tandis qu’il met Denys Lable, l’un de ses cousins, à la guitare :
Moi qui entassais des souvenirs par paresse,
Ce sont tes vieux chandails que je caresse,
Maintenant, comme avant,
Doucement, restons-en au présent
Pour la vie, aujourd'hui, reste ici…
— Peine perdue, France et Michel Berger sont déjà en amour…
Union [modifier]
Michel Berger, en revanche, ne lui délivrera jamais que de lumineuses déclarations d’amour :
1974 : La Déclaration, ou auto-déclaration par interprète interposée ! (Paroles et musique de Michel Berger) :
Quand je suis seul(e) et que je peux rêver,
Je rêve que je suis dans tes bras,
Je rêve que je te fais tout bas
Une déclaration, ma déclaration.
1983 : Lumière du jour (paroles et musique de Michel Berger). Berger lui dit « Celle-là, je l’ai écrite pour toi », fait inhabituel pour celui qui considérait qu’écrire sur le bonheur n’était pas intéressant :
Tu es ma lumière du jour,
Tu es mon ultime recours
Et si le poids se fait trop lourd,
J'appelle ton nom à mon secours,
Lumière du jour…
— France fera, plus tard, cette réflexion : « Enfin, au bout de sept ans de mariage et après deux enfants… »
Témoignages [modifier]

Serge Gainsbourg : « Je suis donc resté attaché à France Gall puisqu'elle est mignonne. Elle est très décriée, mais je trouve que c’est assez dégueulasse parce qu’elle fait un métier difficile, elle est très jeune, elle gagne sa vie, elle est courageuse. Elle a beaucoup de fraîcheur et de fraîcheur d’âme, ce qui est rare. »26 — « Si vous savez ouvrir cette huître, vous trouverez la perle… Sinon, vous tomberez sur une moule. »27
Charles Aznavour : « Elle durera parce qu'elle n'est pas grande. Les petits compensent par un travail fou. »28
Zouzou : « Je connais France Gall, surnommée Babou, depuis 1965, mais nous ne sommes vraiment proches que depuis les années 70. Nous avons fait des voyages à Londres pour meubler la maison de campagne de Julien Clerc, avec qui elle vivait, et a ensuite habité chez moi, avant d'emménager avec Michel Berger. Je les aime beaucoup tous les deux. France est l'une des personnes que je connais qui sait le mieux recevoir. D'abord, c'est une cuisinère hors pair. Et surtout, elle peut organiser des dîners avec des gens qui ne devraient jamais s'entendre, mais elle a toujours le chic pour désamorcer les tensions. Avec elle, tout finit toujours en éclats de rire. Le rire est d'ailleurs la pierre angulaire de notre relation. Nous passons des heures à nous marrer. Quand je joue au théâtre, France et Michel viennent me voir, et chaque fois, je sais qu'elle est dans la salle rien qu'en entendant son rire. »29
Jacques Mercier, lors d'une émission de la RTB durant les années 1970-198030 : « Les lieux communs, je déteste. Ils se vérifient rarement. […] Ainsi ce bruit qui court qu'il vaut mieux ne pas mêler le travail et l'amour. Ceux et celles qui parviennent à concilier les deux, désolé, sont plus heureux que les autres ! […] Pour preuve, aujourd'hui je pense : Michel Berger et France Gall.
France Gall avait la tête sur l'épaule de Michel Berger. Il était tard, nous avions fait une bonne émission. France avait chanté a cappella du Jean-Sébastien Bach : un grand moment ! Michel avait improvisé au piano et chanté lui-même : À moitié, à demi, pas du tout, une chanson qu'on aimait beaucoup à l'époque. Et nous parlions de la vie, du métier, du temps qui passe, de l'amour. Nous avions les mêmes passions et elles faisaient partie de notre existence. C'était sans doute un moment de bonheur partagé ! Cette tendresse de couple. […] Admiration non feinte de la femme pour l'homme-créateur et l'amour de l'homme pour la femme-artiste. Ils se connaissaient si bien dans leurs qualités comme dans leurs défauts. […] France secouait sa tête blonde et lançait :
— À la maison, je ne lui obéis que lorsqu'il est au piano !
Et tout se passait alors dans leur regard amoureux… »
Jacques Attali : « Elle est une énigme, par sa transparence même, elle échappe à toute classification dans sa simplicité ; elle est une force par sa fragilité ; elle est à l'écoute dans sa solitude. Elle est la France, bien au-delà de son nom. »31