LOU REED

BIOGRAPHIE

Lou Reed (2 mars 1942 à Brooklyn, New York - 27 octobre 2013 à Southampton, Long Island, New York) est un artiste américain qui a débuté sa carrière avec le groupe The Velvet Underground.

Il y occupait les postes de guitariste, chanteur et a composé nombre de titres restés populaires même après la séparation du groupe en 1970. Le Velvet Underground a influencé plusieurs générations de compositeurs bien que, dans la deuxième moitié des années 1960, seuls quelques fans connurent véritablement The Velvet Underground. On attribue à Brian Eno une réflexion disant que si seulement quelques milliers de fans achetèrent le premier disque du Velvet Underground chacun d'entre eux monta un groupe. C'est en cela sans doute que Lou Reed et son groupe restent aussi légendaires malgré la quasi-inexistence de tubes, contrairement aux autres groupes influents de cette époque. Lou Reed fait partie des icônes du rock même si son succès commercial fut moindre que d'autres artistes qui ont forgé l'histoire du rock comme par exemple Bob Dylan, Bruce Springsteen ou John Lennon.

Ses textes et sa musique ont beau être percutants, leur noirceur (qui atteint son apogée dans son album "Berlin") ne leur donne aucun succès commercial. Sa voix en parlé/chanté est une autre marque de fabrique.

Lou Reed, prince de la nuit et des angoisses, a pourtant obtenu un réel succès avec son premier tube, une chanson très sombre et osée "Walk on the Wild Side".

Jeunesse

Lou Reed vit à New York (I'm a New York city man) où il est né de parents aisés : son père est comptable. Il a grandi à Long Island et a été initié au piano dès l’âge de 5 ans. Mais il se passionne pour le rock and roll, le doo wop, la littérature, le jazz moderne et le free jazz en particulier (Don Cherry et Ornette Coleman notamment) et préfère la guitare, qu'il apprend en copiant les disques de sa collection. En 1958, il co-écrit et enregistre "So Blue" dans le style doo wop à la guitare au sein des Jades.

À l’âge de 17 ans, il subit le traumatisme de séances d’électrochocs (suggérées à ses parents par un psychiatre) destinées à le « guérir » de ses tendances homosexuelles. Cette expérience dévastatrice sera évoquée dans la chanson "Kill Your Sons" en 1975. Il commence à consommer des traitements rendant très dépendant prescrits à la suite des électrochocs, et cherche à exprimer son traumatisme par des paroles souvent d'une grande radicalité : violence, provocation, insolite, réalisme cru, modernité. Il fera d'ailleurs souvent référence, lors de sa carrière, à ces termes crus, durs et choquants, inspirant ainsi plusieurs de ses bijoux. La noirceur et la profondeur des mots du grand Reed naissent de son vécu immoral des bas quartiers, pauvre, sans papiers.

Il suit les cours d'écriture créative de Delmore Schwartz, poète et enseignant de littérature classique, qui l’encourage à écrire à l'université de Syracuse et le marque beaucoup. Il rencontre aussi la belle Shelley, avec qui il a une liaison de deux ans. Elle devient pour Lou Reed, qui l'idéalise, une grande source d'inspiration, même après leur séparation.

Après l'université, il travaille en 1964 pour les disques Pickwick en tant qu'auteur compositeur - et parfois interprète. Il y produit des disques de rock imitant les différents styles à la mode pour des compilations à bas prix. Il grave "The Ostrich", une nouvelle danse absurde sur deux accords, où Lou suggère de mettre sa tête au sol et de marcher dessus avec ses propres pieds. La chanson sera à l'origine du terme « guitare Ostrich » qui désigne un accordage de guitare avec les cordes à vide sur la même note. Pour les besoins de la promotion, il cherche des musiciens capables de les jouer sur scène et engage John Cale, un bassiste et altiste gallois de formation classique. Cale enregistre à la basse "You're Driving Me Insane" et "Cycle Annie" chantés par Lou Reed sous le nom des Beachnuts et des Roughnecks pour la compilation Soundsville.

The Velvet Underground

John Cale, venu étudier aux États-Unis avec une bourse, évolue dans le milieu de l'avant-garde new-yorkaise et joue alors de l'alto dans le Theater of Eternal Music de LaMonte Young. Il cherche à innover, à choquer. Il ne prend Lou Reed au sérieux que quand celui-ci dévoile les paroles de ses titres personnels, et "Heroin" en particulier. Le guitariste Sterling Morrison, un ami de l'université, les rejoint. Ils forment les Warlocks, jouent dans les rues avec une chanteuse, Daryl, puis en 1965 forment le Velvet Underground avec Angus MacLise aux tablas. Ils jouent souvent derrière un écran sur lequel sont projetés des films d'avant-garde à la Cinémathèque de Jonas Mekas, et contribuent ainsi à la musique de plusieurs films amateurs. En décembre, Maureen Tucker remplace McLise pour un premier concert payé organisé par Al Aronowicz.

Peu après, ils sont repérés au Café Bizarre par Brigid Polk, une cinéaste marginale qui fréquente l'atelier d'Andy Warhol, un ancien dessinateur publicitaire devenu peintre. Warhol, un homosexuel timide et introverti, connaît alors une grande notoriété avec ses toiles et cherche à se diversifier. Il se présente au Café Bizarre et, avec son associé cinéaste et homme d'affaires Paul Morrissey, décide de devenir le manager du Velvet Underground, qui, fin décembre, vient répéter dans leur atelier, la Factory. Le local est très fréquenté par des artistes et marginaux de l'époque. Warhol leur impose la chanteuse Nico, un mannequin allemand qui, après quelques films (notamment La Dolce Vita de Fellini), un enregistrement avec Serge Gainsbourg en 1962 ("Strip-Tease") et un disque produit par le producteur des Rolling Stones Andrew Oldham ("I'm Not Saying", 1965), a rejoint la cour des miracles de la Factory.

Warhol finance l'enregistrement de quelques titres dans un petit studio de New York. Il organise ensuite des spectacles multimédias où il reprend le principe de jouer devant un écran de cinéma, mais y projette ses propres films. L'actrice Edie Sedgwick et le poète Gerard Malanga, un fouet de cuir à la main, participent en dansant sur scène. Le technicien lumières invente littéralement le principe du light-show pour les besoins de l'Exploding Plastic Inevitable, qui après une série de spectacles controversés au Dom de Saint Mark's Place à Manhattan, part jouer au Trip de Los Angeles, qui est définitivement fermé par le sheriff pour pornographie en raison des thèmes sulfureux évoqués par le Velvet Underground : homosexualité, drogue, transsexualité, mort. Ils marquent fortement les Doors, venus les voir jouer. Warhol finance de nouveaux enregistrements, dont la réalisation artistique est assurée par le producteur de Bob Dylan, Tom Wilson, un Afro-américain qui publie l'album sur le label de jazz dont il est directeur artistique, Verve Records.

The Velvet Underground and Nico paraît en mars 1967. Andy Warhol est auteur de la couverture du disque, une banane autocollante qui, quand on la décolle, révèle un fruit à la la chair rose à côté de la mention « Produced by Andy Warhol ». Nico y interprète trois chansons : "All Tomorrow's Parties", "Femme Fatale" et "I'll Be Your Mirror". Lou Reed utilise sur "Venus in Furs" et "All Tomorrow's Parties" son accordage Ostrich. L'album contient des compositions marquantes, comme "I'm Waiting for the Man", "Heroin", "European Son", "Sunday Morning". La réalisation, plutôt bâclée, montre que l'impulsion peut avoir plus d'importance que la finition, et sera une grande inspiration pour le mouvement punk dont cet album est la première pierre fondatrice. L'album choque et n'a aucun succès.

Un deuxième album paraît en décembre 1967, White Light/White Heat, également ignoré à sa sortie sauf d’une poignée de fans. Le groupe atteint un des sommets de sa créativité débridée dans le morceau "Sister Ray", réalisé en une seule prise de dix-sept minutes. John Cale quitte peu après le groupe et est remplacé par Doug Yule. Ce dernier participe aux deux albums suivants du groupe : The Velvet Underground (1969) et Loaded (1970).

Avant la sortie de Loaded, Lou Reed quitte le Velvet Underground et la musique pour se retirer chez ses parents jusqu’à la fin 1971.

Carrière solo

Le producteur Richard Robinson et sa femme Lisa ("Lisa Says") persuadent Lou Reed de revenir à la musique et d’enregistrer en Angleterre un album, auquel participent deux musiciens du groupe Yes, Steve Howe et Rick Wakeman. Le disque s’appelle Lou Reed et paraît en 1972 chez RCA. Bien que comprenant de bonnes chansons ("I Can't Stand It", "Berlin", "Ocean") composées à l’époque du Velvet Underground, l’album déçoit et ne rencontre pas le succès escompté.

Cependant, la même année, avec l’album Transformer, produit par les anglais David Bowie et Mick Ronson, Lou Reed accède enfin au succès auprès du grand public avec la chanson "Walk on the Wild Side", qui traite du thème de l’homosexualité et de la vie dans certains quartiers de New York. Il y décrit l’itinéraire de personnages new-yorkais qu’il a connus à l'époque de la Factory, qui plongent dans la déchéance à travers notamment la prise de drogues. En produisant cet album, David Bowie rend hommage à Lou Reed qu’il considérait comme une de ses idoles et surtout comme une source d’inspiration depuis les années Velvet.

L'apogée artistique de Lou Reed sans le Velvet Underground se situe entre 1972 et 1976, avec les albums Berlin (1973) et Coney Island Baby qu'il sort après l'échec fracassant de Metal Machine Music (1975), sorte de projet expérimental de musique industrielle, aujour'hui, encore, précurseur mais toujours aussi inaudible . Ensuite sa discographie recèle des albums qui n’atteindront plus jamais ces hauteurs. Il cherche ses repères avec des albums importants mais déroutants tels que Rock'n Roll heart en 1977, Street Hassle en 1978 et en 1982 The Blue Mask.

Plusieurs albums live enrichissent sa discographie dont Rock'n Roll Animal paru en 1974 et Lou Reed live, en 1975, qui figurent parmi les meilleurs disques de live du rock et le très drôle Take No Prisoners de 1978. En 1985, il participe à l'album Sun City contre l'Apartheid à l'initiative de Steven van Zandt. Il a fait l'excellent Live in london de 1998, avec des versions très intéressantes de ses premiers titres , "I'll be your mirror", ou encore de morceaux plus récents comme "Sex with your parents" (traitant de l'hypocrisie de certains politiques américains). Lou Reed est accompagné dans ce concert par Mike Rathke, qui lui avait insufflé ce nouvel élan avec New York, où il adopta le parlé chanté.

En 1989, Lou Reed refait surface avec un album très réussi : New York. À travers cet album dédié à sa ville, au son brut et dépouillé, Lou Reed adopte le « parlé chanté », à travers des textes engagés traitant par exemple du sida ("The Halloween Parade") et de l’exclusion sociale ("Dirty Boulevard"). Il y décrit les bas fonds new-yorkais, image des excès du monde moderne sur une musique incisive.

En 1990, paraît un très bel album en hommage à Andy Warhol Songs For Drella, qu'il compose et chante en compagnie de John Cale, son ancien complice du Velvet Underground. Le groupe légendaire se reforme le 15 juin 1989, le temps d’un concert inopiné lors d’une rétrospective Warhol à Jouy-en-Josas, puis en 1993 pour une série de concerts .

Ensuite, Lou Reed signe deux albums qui sont des réussites artistiques Magic and Loss (1992 ) qui traite de la perte des proches et Set the Twilight Reeling ( 1996), dans lequel il rappelle son attachement à New York. Enfin, l'album Ecstacy voit le jour en 2000, disque à la langueur hypnotique.

Son dernier album s'intitule The Raven, référence décadente et post-punk à Edgar Allan Poe. Il y reprend deux vieux titres ("The Bed" et "Perfect Day"), avec David Bowie chantant (Hop Frog) et récite un poème (Le corbeau - The Raven - de Poe). Cet album est original mais très éloigné du grand public qu'il a du mal à convaincre.

Le 25 avril 2008, le New York Post révèle qu'il aurait épousé en secret sa compagne depuis le milieu des années 1990, l'artiste expérimentale Laurie Anderson, dans le Colorado le 12 avril dernier.

Lou Reed a aussi publié deux volumes regroupant ses œuvres photographiques, "Emotion in action" et "Lou Reed's New York".

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