ROMAIN HUMEAU

BIOGRAPHIE

Romain Humeau, né le 10 avril 1971 à Aix-en-Provence, est un musicien multi-instrumentiste (chant, guitare, banjo, batterie, basse, violon, piano), auteur, compositeur, interprète, arrangeur. Il est actuellement le chanteur et guitariste du groupe de rock Eiffel.

Romain Humeau dévore la vie à pleines dents. Comme si toutes les réserves d¹électricité allaient disparaître demain de la surface de la terre et qu¹il n¹allait plus pouvoir brancher sa guitare dans un amplificateur, il enregistre et tourne à perdre haleine. Il ne compte ni en temps, ni en énergie. Après une tournée de 120 dates avec son groupe Eiffel en 2002/2003, accompagnée par la sortie d¹un double album live « Les yeux fermés », et alors que les musiciens s¹étaient accordés une année sabbatique, il est déjà en studio pour boucler un album solo à son image : enflammé, ébouriffé et sincère.

Avec sa première formation, Oobik & the Pucks, Romain connaît son baptême du feu : premier groupe, premier contrat, premières désillusions. Cet ancien élève du Conservatoire de Toulouse en retiendra les leçons avant de former Eiffel en 1998, moins en hommage à l¹architecte d¹une des plus célèbres tours du monde qu¹à un titre des Pixies, groupe auquel les quatre musiciens vouent un culte fervent. Alors qu¹il s¹est attelé à l¹écriture du répertoire de leur premier album, Romain participe à l¹enregistrement de l¹album de Michel Houllebecq, « Présence Humaine » et à la tournée qui l¹accompagne. En janvier 2001, Eiffel publie un premier album remarqué, « Abricotine », où la langue française danse au son d¹un rock pétri d¹influences anglo-saxonnes. La précision du travail en studio, sur lequel le chanteur passe un temps considérable, n¹a d¹égale que l¹intensité du live. En octobre 2002, après une centaine de dates en France, Belgique et Suisse, le groupe fait paraître un second album « Le 1/4 d¹heure des ahuris », plus frontal, plus viscéral, qui confirme leur place tout à fait à part : un mélange inédit de fougue électrique et de verbe effronté. Une tournée en deux temps permet de redécouvrir leur répertoire sous deux angles différents : toutes guitares dehors dans un premier temps, puis accompagné par une section de cordes et des instruments à vent. En tant que musicien et producteur, Romain signe en marge d¹Eiffel des productions éclectiques : il remixe Dominique A, The Divine Comedy et signe les arrangements de cordes sur le dernier album de Noir Désir « Des visages, des figures ».

Sur la route, Romain ne cesse pas d¹écrire. Il ne sait pas encore que les morceaux qu¹il compose seront le levain de son premier album solo, celui qu¹il ressent un besoin physique d¹enregistrer pendant qu¹Eiffel fait une pause. Livré à lui-même, il choisit de privilégier ses textes les plus personnels et d¹ouvrir sa musique à des influences plus profondes. La redécouverte de l¹album « Low Estate » des américains de Sixteen Horsepower, aux sonorités à la fois folk et blues, agit comme un véritable révélateur. Inspiré également par l¹authenticité de Nick Cave ou de Tom Waits, Romain recourt pour la première fois au banjo, à la guitare flamenca, aux cuivres... sans oublier pour autant les guitares acérées et tranchantes. Il a écrit, composé, arrangé et mixé l'album seul. S'il y joue de presque tous les instruments, le musicien a aussi choisi, pour l'accompagner, de faire appel aux talents de Bettina Kee (pianiste), Joe Doherty (multi-instrumentiste irlandais issu des rangs des Sons of the Desert, mais également croisé aux cotés de Zebda ou de Akosh S. Unit), Philippe Uminski (son ami d'enfance, leader de Montecarl et aujourd'hui en solo, à la basse et aux choeurs), Emiliano Turi (arrivé sur la dernière tournée d'Eiffel à la batterie), Jean-Paul Roy (bassiste de Noir Désir), Disco (des Recyclers, à la contrebasse)... L'enregistrement s'est étalé sur 6 mois, aussi bien en Angleterre qu'en France, à Bordeaux qu'à Angoulême, à la campagne, en studio, à la maison... Plus de deux heures de musique ont été mises en boite, plongeant parfois dans des délires psychédéliques intenses, mais Romain a choisi de ne garder que 12 morceaux (plus un autre, bien caché). L¹intégralité de l¹enregistrement a été filmé et fera l¹objet d¹une exploitation en DVD, sur les mêmes principes d'interactivité et de complémentarité qui président au site de l¹artiste (www.romain-humeau.com).

Si l¹album comporte quelques fulgurances familières (« Sans Faire Exprès », « Prends ma main » dont le gimmick rappellera aux fans de David Bowie des bons souvenirs, « S¹enflammer » et son intro en clin d'oeil à un certain Black Francis), il emprunte des chemins de traverse, plus imprévus : le souffle tzigane de « Possédés », l'émotion de « Toi », ballade acoustique qui met la sensibilité de son auteur à nu, le phrasé presque hip-hop de "Je m'en irai toujours", le blues électrique de « Beauté du Diable » et son riff entêtant, le chant écorché de « Une vie invisible »... Mais le morceau de bravoure de cet album reste "L'éternité d'un instant" (écrit d¹une traite, sans retouche, après un concert) : s'évadant du format "chanson" dont il connaît les règles sur le bout des mitaines, Romain compose une envolée symphonique puissante qui n¹est pas sans rappeler le Ferré des années 70. C¹est moins un hasard quand on se souvient que Eiffel avait repris « Le conditionnel de variété » sur un disque en hommage à Léo.

Au final, c¹est un disque habité, bouillonnant, mené tambour battant. Il n¹était pas encore terminé que l¹artiste s¹embarquait déjà pour une mini-tournée d¹hiver (10 dates en décembre 2004) avant de retourner en studio y mettre la dernière touche. En même temps que l¹organisation d¹une étape du « KO Social » à Bordeaux en association avec les Têtes Raides. Et d¹évoquer déjà, sur son site internet, des nouveaux projets : un second album solo qu¹il réaliserait en seulement une semaine, une adaptation des textes de Boris VianŠ et une quinzaine de morceaux en chantier pour le troisième album de son groupe.

Romain Humeau n'avait pas abattu toutes ses cartes avec Eiffel : il dévoile un jeu encore plus riche qui le confirme, aussi bien en tant que compositeur qu'en tant qu'interprète, parmi les plus enragés d'une scène qui ne vivra qu'en s'ouvrant aux autres cultures. Son album se situe bien dans son époque : celle où il faut choisir son camp et où il faut savoir se battre. Avec sa chevelure bouclée noire et sa boucle d'oreille, Romain ressemble un peu à un pirate. Son rock sans concession, nourri à la passion et à l'aventure, fera toujours trembler les marins d'eau douce. Les flibustiers reconnaîtront un profil chevronné qui, d'escale en escale, force de plus en plus le respect.

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